vers une culture de paix 2

2. Les conditions d'une culture de paix
J'aimerais, à partir des images du Sûtra, essayer de présenter les conditions auxquelles devrait satisfaire la culture de paix.
Premièrement : le "respect de la diversité".
Comme on l'a vu clairement avec la parabole de "divers arbres et plantes", toutes les cultures sont soutenues par cette vie éternelle qui tisse l'évolution créative de l'univers et de la nature. L'originalité diversifiée et variée se crée dans un processus qui permet à ces cultures d'obtenir les faveurs du grand univers. Elles participent à l'harmonie de ce grand univers du seul fait d'exister en développant leurs capacités, nourries grâce à l'accomplissement de leur histoire spécifique, leur héritage spirituel.
C'est ainsi que progressent la cosmologie, la conception du monde, la conception des valeurs, l'éthique et la philosophie de la vie, caractéristiques de chaque peuple de la terre.
Il est pour cette raison nécessaire d'avoir une attitude de respect mutuel, de s'ouvrir avec modestie à la vision du monde et aux conceptions éthiques d'autres cultures.
Pour que chaque culture puisse par ses propres moyens "respirer l'univers", c'est-à-dire l'éternité, malgré les différences historiques ou de traditions (ou plutôt grâce à ces différences), et en reçoive la sagesse et la force, un respect mutuel de toutes ces cultures entre elles est nécessaire.
Que des cultures différentes cohabitent avec respect tout en gardant leur originalité et en s'enrichissant mutuellement permet à chaque culture d'arriver à se réformer et se développer d'une façon créative. Dans le cas contraire, la culture stagne et perd sa créativité.
Le dialogue, les échanges et la participation
La question qui vient alors ensuite est : "Comment apprendre les uns des autres?"
Les réponses sont "par le dialogue", "par les échanges" et "par la participation".
J'aimerais exposer une réflexion sur "l'universalité par le dialogue", puis évoquer, comme deuxième condition à cette culture de paix que nous recherchons, "l'échange et la participation".
Une culture entre en contact et échange avec d'autres cultures au fur et à mesure que l'histoire évolue, formant ainsi "l'inconscient collectif" du peuple.
Par exemple, "l'inconscient collectif" du peuple japonais est composé, de ses structures les plus superficielles jusqu'aux plus profondes, de couches de mythologie, d'un rapport avec la nature ou d'un mode de vie qui fondamentalement a beaucoup de ressemblance avec la civilisation occidentale moderne, la civilisation chinoise, la civilisation indienne ou encore la civilisation océanique de l'Asie du Sud-Est. Cet "inconscient collectif" contient également une spiritualité originale, propre au peuple japonais et inspirée par la nature même de l'archipel japonais.
Des échanges avec d'autres cultures nous amènent à voir le fond de notre propre culture. "Dialoguer", "échanger" avec d'autres cultures, "participer" en partageant la vie quotidienne, tout cela nous encourage à voir le fond de notre propre culture. Nous arrivons alors naturellement à approfondir notre sympathie envers les autres et notre compréhension de leur spécificité.
Chaque fois que - tout en étant ouvert à la "différence" - on pénètre un peu plus profondément dans son propre inconscient, on finit par trouver, cachés quelque part, des points qui sont partagés par d'autres cultures.
En fait, plus on approfondit les contacts et les échanges avec d'autres cultures, plus on découvre des fondements spirituels appartenant à l'humanité tout entière. Cette clairvoyance nous amène à toucher le courant de fond sous-jacent à l'émergence des grandes civilisations. Ce processus nous amène en même temps à remonter l'histoire de l'humanité pour aller jusqu'à ce domaine où l'humanité faisait corps avec la nature – l'écosystème terrestre.
Une "espèce" qui s'appelle "l'humanité", qui se crée, soutenue par l'écosystème terrestre et fait corps avec lui : Quand on atteint cette perception en tant qu'être humain, on saisit alors l'universalité commune à tous les êtres humains.
Le dialogue et l'échange entre cultures doit se faire dans le respect de la différence, avec l'intention de saisir cette universalité ; "par sympathie envers l'être humain en tant qu'humain". Ce comportement est celui qui, selon moi, peut former la base de cette culture de paix.