La femme et le code de la famille au Maghreb
De l’infamie au paradis
Le Code de la famille n’offre pas, loin s’en faut au Maghreb, la part belle à la gent féminine. Si quelques changements ont été apportés ça et là, la femme demeure largement inféodée à l’homme. Les pâles mesures prises en Algérie maintiennent un profond immobilisme, et si les féministes s’en tirent relativement mieux au Maroc, c’est en Tunisie qu’elles semblent véritablement être l’égal de l’homme.
Soucieux de montrer aux Occidentaux les progrès de l’Algérie en matière de démocratisation, le Président Abdelaziz Bouteflika s’était engagé, au lendemain de sa réélection en 2004, à renforcer les droits des femmes de son pays, soumises à un Code de la famille archaïque. C’est chose faîte. Avec timidité et sans véritable révolution. L’abrogation du « Code de l’infamie », voulue par les laïques et les féministes, est renvoyée aux calendes grecques.
Jouant l’équilibriste entre partisans de la modernité et chantres de la tradition, Abdelaziz Bouteflika a finalement tranché. Légiférant par ordonnance pour éviter un possible désaveu du Parlement, le Président algérien a réformé, en février dernier, 52 points du Code de la famille, en vigueur depuis 1984. Prudent, il a, tout de même, rappelé la primauté de la loi coranique sur les législations nationale et internationale. Au nom d’Allah, le principe d’égalité homme/femme, reconnu dans l’article 29 de la Constitution algérienne, restera donc lettre morte. Sous-citoyennes, les Algériennes demeurent les seules mineures à vie du nord de l’Afrique.
Des réformes en trompe l’œil
Principale déception : le maintien du tutorat. L’accord d’un père ou d’un frère reste nécessaire à toute femme désireuse de contracter un mariage. L’avant-projet de réforme prévoyait pourtant que le tuteur (wali) ne serait plus obligatoire, au moins pour les femmes majeures. Mais, face à l’opposition des fondamentalistes et des Imams (fonctionnaires de l’Etat en Algérie) qui y voyaient une atteinte à la famille, le Président Bouteflika a fini par capituler. De même, l’époux conserve un droit de répudiation sans condition et l’épouse est toujours soumise à un devoir d’obéissance inconditionnel à l’époux. Dans les faits, cela se traduit pour une femme par un droit au travail soumis à l’accord préalable de l’homme ou encore par une autorité parentale qui ne lui est confiée qu’en cas de décès du mari ou d’incapacité établie de celui-ci.
Restent également inchangés les droits d’héritage. Comme stipulé explicitement dans le Coran, revient, à une femme, la moitié de ce qui revient de droit à un homme de même rang. Seul progrès substantiel, l’obligation pour l’époux divorcé d’assurer le logement à ses enfants dont la garde est confiée à la mère. A l’avenir, devrait, au moins, disparaître les scènes affligeantes de femmes et d’enfants condamnés à vivre dans les rues, faute de domicile familial. « Réformette » aussi de la polygamie, qui concerne moins de 1 % des ménages algériens. Bien que reconduite, elle sera, dorénavant, conditionnée aux consentements des épouses (la première et la future) et à l’autorisation d’un juge qui devra déterminer la capacité de l’époux à « assurer l’équité et les conditions nécessaires à la vie conjugale ».