ORIENTATION PEDAGOGIQUE / CULTURE DE PAIX / MEDIATION
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
ORIENTATION PEDAGOGIQUE / CULTURE DE PAIX / MEDIATION

LA CULTURE DE PAIX C'EST LA PAIX EN ACTION . LA MEDIATION EST UNE ACTION.
 
AccueilAccueil  GalerieGalerie  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le deal à ne pas rater :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : où l’acheter ?
Voir le deal

Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet
 

 La mondialisation de l’(in)sécurité ? 1

Aller en bas 
AuteurMessage
Mr ABED
Admin
Mr ABED


Messages : 262
Date d'inscription : 09/08/2008
Age : 50
Localisation : maroc

La mondialisation de l’(in)sécurité ?  1 Empty
MessageSujet: La mondialisation de l’(in)sécurité ? 1   La mondialisation de l’(in)sécurité ?  1 Icon_minitime16/8/2008, 23:01

Les discours sur la mondialisation nécessaire de la sécurité sous la houlette des Etats-Unis et de leurs alliés les plus proches existent depuis la fin de la bipolarité mais ont pris une intensité et une extension sans précédent depuis le 11 septembre 20011. Ils se présentent comme la seule analyse possible de la série d’attentats qui ont frappé les Etats-Unis, l’Australie, la Turquie, l’Espagne et tout récemment le Royaume-Uni. Ils se justifient par l’idée que la mondialisation de la sécurité est la seule réponse possible à la mondialisation de l’insécurité et qu’elle est particulièrement urgente étant donnée la possibilité d’un développement de menaces d’usage d’armes de destruction massive qui pourraient être le fait d’organisations terroristes ou criminelles et de gouvernements les soutenant. Cette mondialisation de l’insécurité rendrait obsolètes les frontières nationales et obligerait à la collaboration internationale en même temps qu’elle remettrait en cause la distinction classique entre d’un côté la guerre, la défense, l’ordre international, la stratégie et de l’autre le crime, la sécurité intérieure, l’ordre public, l’enquête de police. Le crime atteindrait l’ampleur de la guerre, la guerre serait faite par des criminels. Et la réponse à cette fusion du crime et de la guerre serait une fusion des services de police, de justice avec les forces spéciales et les actions militaires extérieures, sous la supervision de services de renseignement policiers et militaires, travaillant de concert tant à l’échelle nationale que transatlantique2. Cela supposerait un réagencement complet des appareils de sécurité locaux, nationaux, européens et transatlantiques et une nouvelle manière de penser afin de faire face au « terrorisme global ». Aussi, n’est-il pas surprenant qu’après des années de silence et d’ignorance, depuis le 11 septembre 2001, tout le monde politique occidental et celui des « experts » es sécurité semblent pris d’une frénésie explicative sur les relations entre défense et sécurité intérieure dans un contexte mondialisé d’insécurité qui n’est plus ni discuté ni discutable.
Cet article vise néanmoins à discuter les prémisses sur lesquelles repose cette vision d’une insécurité globale, conséquence « naturelle » des attentats, et qui déboucherait sur une solution efficace unique : la mondialisation des professionnels de la sécurité et leur collaboration contre la barbarie. Nous nous appuierons, pour ce faire, sur les travaux de Pierre Bourdieu et de Michel Foucault afin de proposer une analyse des discours sur les menaces à la sécurité, en les mettant en relation avec les agents sociaux qui les énoncent, et en particulier avec les professionnels qui visent à en donner le sens et qui gèrent pratiquement la mise en œuvre des technologies qui y sont associées. Nous essaierons de comprendre quand et comment s’est développé ce discours sur la « mondialisation de la sécurité » à travers les notions de champ des professionnels de la gestion des inquiétudes, et de transnationalisation des processus d’(in)sécurisation. Nous verrons que ces processus sont liés aux transformations de la violence politique mais aussi au développement européen et transatlantique des appareils policiers, militaires, de renseignement, de douanes, d’organismes gérant les migrants, à leur structuration en un champ professionnel, et à leurs effets sur nos sociétés du risque, du doute, de l’incertitude.
On peut remarquer à travers une analyse de la littérature que de nombreux discours académiques actuels ne font que reproduire les débats internes aux professionnels de la sécurité et aux professionnels de la politique. Ils en sont plus la forme euphémisée et rationalisée qu’une approche différente. Ils visent à se placer en conseillers du prince sans en avoir les responsabilités. Souvent ces articles et ouvrages sont des essais, des billets d’humeur visant le succès de librairie, plutôt que des analyses sociologiques du monde du renseignement et de la police fondées sur des entretiens3. Ils entretiennent souvent avec certains acteurs de la sécurité des relations de connivence, en particulier lorsque leur trajectoire est constituée par un multipositionnement dans le monde académique et dans le monde de la défense. Néanmoins le monde universitaire des spécialistes de relations internationales et de défense a aussi ses règles. Il n’est ni le pur reflet des luttes internes des services, ni celui de l’ego des chercheurs s’abreuvant à la violence pour parler dans les médias. Chaque événement « saillant » apporte avec lui une série d’explications qui se veulent inédites et qui sont censées générer de « grands débats ». La Seconde guerre aurait activé celui entre des idéalistes et des réalistes, la cybernétique aurait engendré celui entre réalistes et behaviouristes, l’échange inégal celui entre réalistes, dépendantistes et interdépendantistes, la fin de la bipolarité celui entre néoréalistes, néo-institutionnalistes et post-positivistes, post-structuralistes. Et enfin le 11 septembre est présenté comme la revanche des réalistes bien qu’ils se lancent dans l’utopie mondialiste de la sécurité globale et s’inspirent du néoconservatisme. Les articles et ouvrages de relations internationales sont emplis de ces grands débats qui sont aussi souvent de faux débats. C’est pourquoi je ne discuterai pas ici de l’ordre ou du désordre mondial, de la fin des territoires et de la responsabilité des Etats, de savoir si le désordre envahit l’interne et si l’anarchie internationale se propage dans les cités et touche tous les individus, ou si l’ordre s’est instauré globalement, sans centre précis mais aussi sans périphérie, et en ne laissant aux multitudes que le choix de s’unifier pour résister ou d’être complice. Les questions restent ouvertes et doivent dépasser le stade de l’essai pour celui de recherches argumentées sociologiquement. Je ne discuterai pas non plus de la lisibilité immédiate ou non du sens de la violence et de l’impact de sa matérialité qui discrédite, et les thèses empiricistes qui ne veulent voir qu’un sens aux attentats, celui que l’analyste leur prête, et les thèses constructivo-idéalistes qui font comme si la violence se résumait à une forme de langage, et comme si elle n’avait pas de matérialité propre affectant les enjeux de sécurité. J’admets dès lors pour acquis, ici même, une approche matérialiste constructiviste mettant d’une part l’accent sur la matérialité des actes de violence conférant la mort ou cherchant à conduire les vies des individus, et d’autre part la construction sociale des significations de cette violence et des contextes qui la produisent ; significations qui dépendent des pratiques d’(in)sécurisation et des positions et trajectoires de ceux qui les énoncent4.
Les discours d’(in)sécurisation : la querelle des Anciens et des Modernes5
Toute une série d’articles, de communications et de papiers officiels ou provenant de la littérature grise de certains think tanks font comme si ce sujet des rapports entre défense et sécurité intérieure était neuf et comme si la question ne se posait que depuis quatre ans en délimitant un Avant et un Après 11 septembre. Ceci est non seulement faux intellectuellement, comme nous l’avons montré par ailleurs6, mais de plus, ce n’est pas innocent. Cela permet des reconversions brutales de savoir, et maintenant n’importe quel spécialiste de défense veut s’improviser spécialiste des questions de police, de maintien de l’ordre, de service de renseignement, de terrorisme, à partir d’un savoir constitué sur les questions de relations internationales et les études stratégiques, alors qu’auparavant il méprisait ces recherches ou les considérait comme hors de son champ de réflexion.
Ceci a un impact sur le « nouveau débat » autour de la sécurité dans un âge de Terreur, comme aiment à l’intituler ses promoteurs. En effet, chaque internationaliste spécialiste (ou non) des questions militaires se sent autorisé à y prendre part et à proposer sa solution, même si les « terroristologues » de vieille date, ceux qui avaient évoqué le fil rouge communiste ou les conflits asymétriques (coloniaux), ont quelques avantages tactiques au plan rhétorique. La transplantation des raisonnements entre la guerre clausewitzienne et la violence politique se fait d’autant plus facilement que l’on parle de mondialisation et, dès lors, il ressort de ces multiples « mises en récit » post 11 septembre une « stratégisation de l’interne » qui insécurise le social et des compétitions sur la prétention à dire ce qu’est la sécurité. Mais ces transferts « illégitimes » de concepts et de terminologies d’un domaine à l’autre ont beau être massifs et répétitifs, ils ont beau arguer de leur nouveauté, ils ne masquent guère leur passé colonial, leur faiblesse et leur ignorance des enjeux. Ainsi, dans ces discours d’experts, la notion de violence politique, au cœur du sujet, n’apparaît nulle part ou presque dans les commentaires. Elle est remplacée par celle de terrorisme global occultant la dimension du politique. Il en va de même des considérations stratégiques et organisationnelles des organisations clandestines diverses qui frappent et dont, chez les « géopoliticiens », on fantasme une unité avec « la base » (Al Qaeda) que les responsables policiers peinent à découvrir. Les mêmes auteurs « barbarisent » les acteurs cyniques de ces attentats visant à maximiser les victimes en s’attaquant aux « anonymes » et dès lors ne comprennent plus leurs motivations, sinon à les renvoyer à un irrationnel et à du fanatisme en redupliquant un certain type de rapport à l’Autre, connu lors des phases chaudes de la Guerre Froide7.
L’absence de réflexion sur la violence politique de ces auteurs est promue réflexion à travers les terminologies de nébuleuse, de réseau sans frontière, de mondialisation du danger, d’incertitude, d’ennemi invisible… où ce qui est décrit n’est pas la figure de l’adversaire mais l’ignorance de celui qui écrit. L’obligation de ces « experts » de répondre aux demandes des médias le jour même des attentats, pour noyer l’horreur du silence de la violence par le flot de leurs mots, renforce cette tendance comme l’ont montré les événements de New York, Bali, Madrid et Londres. Incapables d’analyser précisément la matérialité d’une violence qui ne parle pas d’elle-même, et souvent (mais pas toujours) inconscients de la projection de leurs croyances sur les significations données à cette violence, la stratégie de ces experts auto désignés est alors d’insécuriser encore un peu plus une population déjà écoeurée de cette violence dont le caractère politique échappe à l’entendement immédiat en multipliant les pistes, les possibles et le danger du futur8. Les profilers des bases de données et leurs agents en communication deviennent alors l’équivalent fonctionnel des astrologues, mais ils lisent les augures à travers la technique plutôt que la religion et se parent d’un savoir spécifique et secret, partagé avec les agences de renseignement, qui serait celui de prévoir, d’anticiper, de connaître le futur et de pouvoir le modifier à la façon des mutants de Minority report9.
Mais, de facto, loin de ce savoir optimal, en multipliant le nombre de personnes à surveiller et contrôler pour mieux gérer les inquiétudes, on crée en effet l’inverse de l’efficacité au nom de l’efficacité. On épuise un personnel policier limité en nombre en les retirant du terrain pour les mettre derrière des écrans de bases de données10. Seulement la « stratégisation » de l’interne via l’idée d’une guerre au terrorisme continue toujours de plus belle, accélérant le recours aux technologies des industries de sécurité sur la biométrie et l’interconnectivité informatique car elle rencontre avant tout les attentes des professionnels de la politique qui veulent montrer qu’ils font quelque chose et sont « aux commandes ». Comme on montrait des chars et des avions lors des parades militaires pour impressionner l’adversaire et l’opinion, on montre maintenant des bases de données et leurs possibles connexions ainsi que leur relation aux identifiants biométriques. Big Brother devient une image « protectrice » valorisée, qu’il faut aimer11. Pour justifier ce choix (surveiller des grands nombres par des technologies informatiques, au lieu de focaliser sur des petits groupes par des moyens humains), les discours d’expertise insistant sur la nouveauté du 11 septembre font toujours un lien entre l’externe et l’interne, selon une dynamique fusionnelle que le terme globalisation finit par prendre. Mais ces discours rencontrent des limites. Ils ne représentent qu’une partie de ceux tenus par les professionnels de la gestion des inquiétudes. Ils proviennent plus des « prétendants » que des « héritiers ». Seulement leurs promoteurs profitent de la déstabilisation des repères entre sécurité intérieure et extérieure liée à la répétition d’actes de violence de grande ampleur, dans des pays qui voudraient faire la guerre uniquement à distance. Ils profitent de l’escalade créée par un cycle provocation-répression d’une violence qui s’affranchit de plus en plus de tous les codes éthiques. Et chaque attentat supplémentaire, ainsi que la mise en série qu’ils en font avec un narratif unificateur et angoissant, leur permet de pousser leurs avantages face aux policiers traditionnels qui ne savent guère gérer des crimes de si grande ampleur et face à des militaires qui classiquement ne veulent pas trop intervenir en interne.
La vision « moderniste » de ces experts les plus radicaux recrutés dans les milieux du renseignement, de la communication, des industries privées de sécurité et souvent mieux connectés aux hommes politiques que les représentants traditionnels des grandes institutions, prétend en effet à une abolition des distinctions entre interne et externe et à l’invasion de la guerre au sein du pacte social depuis le 11 septembre 2001. Toutes leurs analyses reposent sur ce prédicat de l’infiltration de la guerre dans le social et du caractère aléatoire mais infiniment long de la situation de violence qui ne peut être résolue que par l’élimination totale de l’ennemi. Ce « sécuritarisme sans frontière » et « illimité » va au-delà des mécanismes de dérogation et d’exception que nous avons analysés dans « la nord-irlandisation du monde »12. La suspicion(état d'esprit qui consiste à considérer comme suspect) se nourrit de l’impuissance à prévenir la violence et renforce des systèmes techniques qui accroissent la suspicion en élargissant toujours plus les cibles. Surveiller tout le monde en interne permettrait de repérer les ennemis infiltrés, cachés mais différents13. La moindre « incivilité » est alors lue par certains de ces experts comme le signe d’une hostilité, la mixité culturelle comme une faiblesse, la différence comme le signe de la présence d’ennemis intérieurs, et in fine la lecture du coran apparaît comme un signe d’appartenance au terrorisme.
Revenir en haut Aller en bas
https://dnri2008.forumactif.org
 
La mondialisation de l’(in)sécurité ? 1
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» la mondialisation de l'(in)sécurité? 2
» la mondialisation de l'(in)sécurité? 2
» la mondialisation de l'(in)sécurité? 3
» la mondialisation de l'(in)sécurité? 4
» la mondialisation de l'(in)sécurité? 5

Permission de ce forum:Vous pouvez répondre aux sujets dans ce forum
ORIENTATION PEDAGOGIQUE / CULTURE DE PAIX / MEDIATION :: CONFLITS MIGRATIONS ET SECURITE :: SECURITE-
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujetSauter vers: