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 la mondialisation de l'(in)sécurité? 5

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Mr ABED
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Mr ABED


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MessageSujet: la mondialisation de l'(in)sécurité? 5   la mondialisation de l'(in)sécurité?  5 Icon_minitime16/8/2008, 23:06

Champ et réseaux
La notion de « champ des professionnels de l’(in)sécurité ou de la gestion des inquiétudes » est très fortement inspirée de celle utilisée depuis longtemps par Pierre Bourdieu et qu’il définit brièvement comme « un réseau ou une configuration de relations objectives entre des positions. Positions définies objectivement dans leur existence et dans les déterminations qu’elles imposent à leurs occupants, agents ou institutions, par leur situation actuelle et potentielle dans la structure de distribution des différentes espèces de pouvoirs (ou de capital) dont l’accès aux profits spécifiques qui sont en jeu dans le champ, et du même coup par leurs relations objectives aux autres positions (domination, subordination, homologie) » 38.
Cette analyse en termes de champ a l’avantage de mettre l’accent sur les relations et en quelque sorte de déterminer les frontières significatives des réseaux. Elle permet d’éviter certaines formes d’illusions individualistes, et de réduire par exemple l’analyse des réseaux à l’analyse de multiples trajectoires individuelles, voire à la possession de carnets d’adresses… comme on le voit dans une certaine littérature se réclamant de la théorie de l’action rationnelle. Ce qui importe dans la démarche, c’est de mettre l’accent sur les relations objectives aux autres positions, sur les « écarts » distinctifs entre ces positions et sur l’intérêt des agents à jouer le même jeu.
Parler de champ (et non de système, de structure, d’espace ou de réseau…) renvoie alors à quatre dimensions particulières de l’analyse qui sont toujours présentes et dont Pierre Bourdieu a donné, pour les trois premières, des définitions précises.
Premièrement, comme il le rappelle, le champ doit être analysé comme champ de forces ou champ magnétique, champ d’attraction s’imposant aux agents qui s’y trouvent engagés. Le champ génère un sens du jeu et une « illusio » commune à l’ensemble des agents qui débouche sur une certaine homogénéité s’exprimant par les mêmes intérêts bureaucratiques, les mêmes types d’enjeux. Il tend à « homogénéiser » des types de regard, à définir une « focale » partagée par tous.
Deuxièmement, le champ est aussi un champ de luttes ou champ de bataille permettant de comprendre les activités « colonisatrices » de certains, les « replis défensifs » d’autres, et les divers calculs tactiques des luttes bureaucratiques autour des missions, des budgets et de l’adaptation au discours politique dominant. Le champ est un « champ de luttes pour la conservation ou la transformation de la configuration de ces forces »39. Si des luttes existent entre ces acteurs, si des compétitions ont lieu, c’est qu’ils ont justement les mêmes intérêts, le même sens du jeu et de ce qui est en jeu. Mais il ne faut pas céder à un certain objectivisme reliant trop facilement à contrario les positions objectives avec un certain type de discours, sinon à fabriquer des stéréotypes. Le jeu peut être affecté, dans ces petits groupes, par la dynamique de comportements interpersonnels, par des stratégies de multipositionnement. De plus l’analyse des écarts de position ne doit pas faire oublier que les tactiques de « colonisation » bureaucratique ne se font pas forcément de proche en proche, même s’il est nécessaire de faire croire à leur proximité par des ponts sémantiques au sein d’un continuum discursif40. Mais, ce qui est central à la compréhension de l’analyse et à la preuve qu’il s’agit bien d’un champ, et non de relations aléatoires ou intersectorielles épisodiques, c’est que toute action entreprise par l’une des agences pour modifier en sa faveur l’économie des forces a des répercussions sur l’ensemble des autres acteurs. Ces luttes sont ainsi fondamentales pour comprendre l’économie interne du champ et les processus de constitution et d’extension de ce dernier.
Troisièmement, le champ est structuré socialement par la position des agents et leurs ressources dans le champ général du pouvoir. Pour comprendre les prises de position des agents, leurs discours, il faut les corréler avec leur socialisation professionnelle, et leur position d’autorité en tant que porte-parole d’une institution « légitime » à l’intérieur du champ et les rapporter dans le temps à leurs trajectoires spécifiques. Il est donc nécessaire d’analyser les formes de domination et de subordination d’un champ par rapport à un autre champ, et de voir comment le champ spécifique en fonction de son positionnement dans l’espace politique et social est à même ou non d’énoncer des vérités sur la base de savoirs et de savoir-faire. Selon moi, cela connecte la notion de champ et de doxa interne au champ avec le régime de savoir et d’énoncé qui le dépasse et dans lequel il évolue. Il faut donc être plus attentif aux pratiques discursives dans leur ensemble et aux relations entre champs, en évitant de succomber à la tentation de croire à l’imperméabilité des frontières du champ et à l’illusion de l’autonomie portée par les agents dominants. Il faut tenir compte des réflexions de Foucault pour amender les hypothèses de Bourdieu sur les effets de clôture du champ et la naissance de l’illusio.
Quatrièmement, le champ est transversal. Il n’est pas forcément rattaché au seul champ du pouvoir national ou/et sociétal. Il peut se déployer selon des lignes de forces mobiles et sa reproduction en tant que champ ne se fait pas simplement à l’identique et par proximité de position, car la forme du champ dépend de la matérialité des enjeux qu’il a en charge et du coût d’accès au champ que peuvent imposer les agents dominants ainsi que des actions à distance venant d’autres champs qui n’entrent pas forcément dans une relation de proximité et d’écart distinctif avec les agents du champ.
Parler d’un espace social en termes de champ suppose donc de déterminer les frontières du champ. Ce sont en effet les frontières qui font apparaître les effets de champ. Expliquer que celles-ci ne sont pas tracées une fois pour toutes et qu’elles dépendent de l’économie des rapports de force relève de la banalité, une fois admise une perspective constructiviste.
A un certain niveau, on peut considérer comme le fait Pierre Bourdieu que les limites du champ sont toujours posées par les agents du champ lui-même, et donc qu’il suffit de regarder les stratégies de distinction entre eux41. Mais il est étonnant que sur un point aussi central, on s’en remette au sens commun des acteurs et à leurs perceptions spontanées. Les stratégies de distinction variant selon les positions occupées, il y a autant de frontières que d’agents engagés. Par ailleurs, l’ancienneté dans le champ qui est l’autre critère proposé n’est pas forcément un critère de légitimité pour poser ces agents comme les agents centraux car la reconfiguration des forces a pu marginaliser les premiers entrants. Quant à dire que les frontières sont à tout moment le produit des luttes entre les nouveaux entrants et ceux qui sont déjà installés, c’est déjà supposer la question résolue en ayant défini par un acte arbitraire identique à celui du systémisme, qui était à l’intérieur, qui était à l’extérieur et qui veut entrer. Enfin c’est une tautologie que de définir les frontières par les effets de champ et ces derniers par la distinction entre l’intérieur et l’extérieur du champ. La tendance à l’indétermination dans l’espace pousse à une surdétermination dans le temps. On attribue alors au passé, à la genèse, à (la quête de) l’origine du champ un poids parfois démesuré, en oubliant justement l’amnésie de la genèse qui caractérise les agences.
Contrairement à ce que propose Bourdieu, il n’y a donc pas forcément dans tout champ, ici le champ de l’(in)sécurité, des pôles structurés dépendant des capitaux utilisés qui détermineraient des alliances des plus proches contre les plus éloignés, des plus anciens contre les nouveaux. Cela peut exister dans certains champs comme celui de la culture, mais dans d’autres, l’économie des relations favorise les stratégies d’alliance avec des lointains et contre les proches. La topographie ne suffit pas à déterminer les jeux d’alliances. C’est là une des limites de l’analyse par homologie de position que propose Bourdieu. Dès lors, la topologie du voisinage sur laquelle s’appuie l’analyse de Bourdieu est problématique en ce qu’elle a des difficultés à conceptualiser la frontaliérisation autrement que par une topologie linéaire où la frontière fait office de barrière et de coupure entre un interne et un externe différencié, or une autre topologie est nécessaire, une topologie de type ruban de Möbius42. Le champ qui a un caractère transversal reconfigure ainsi en une seule face et un seul bord d’anciens univers sociaux autonomes, par sa propre trajectoire et bouge les frontières de ces derniers pour les inclure totalement ou partiellement.
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