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 la mondialisation de l'(in)sécurité? 7 fin

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Mr ABED
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Mr ABED


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la mondialisation de l'(in)sécurité?  7  fin Empty
MessageSujet: la mondialisation de l'(in)sécurité? 7 fin   la mondialisation de l'(in)sécurité?  7  fin Icon_minitime16/8/2008, 23:08

Le champ de la sécurité n’est donc pas institutionnalisé une fois pour toute, à travers les différents traités de l’Union, comme le veulent les néo-institutionnalistes, bien au contraire.
La notion de champ transversal de la sécurité permet d’analyser un espace qui est bien social et politique, mais qui transcende la coupure interne/externe, national/international posée par la pensée de l’Etat territorialisé. Le problème n’est donc pas d’opposer une conception fixiste de frontières tracées une fois pour toutes à une conception dynamique, mais de préciser ce qu’est une conception dynamique. Les frontières sont toujours des concrétions dans un espace donné d’un rapport de force précédent. La formule de Michel Foucher dépasse le cadre des seules frontières géographiques46. Elle s’applique aux frontières des champs sociaux. Les frontières sont parfois des institutions matérialisées comme les frontières physiques des Etats ou inscrites dans une relation juridique réglant par différenciation le dedans du dehors. Mais souvent la fluidité est importante lorsque le champ se constitue et qu’il n’est pas suffisamment ancien pour que les coûts d’entrée soient prohibitifs. La matérialisation par le droit ou les normes professionnelles est donc souvent en retard sur les rapports de force. Elle légitime et consacre un moment particulier où il était de l’intérêt des acteurs de négocier. Cela signifie qu’il est empiriquement difficile de tracer les frontières du champ en en regardant uniquement les caractéristiques institutionnelles puisque celles-ci retracent presque toujours un moment antérieur du rapport de forces.
Cet espace social, ou ce champ de la sécurité, se construit donc empiriquement à partir des positions différenciées des agences de sécurité (polices nationales, locales, douanes, polices des frontières, agences de renseignement... armées) dans les différents pays européens (centralité de la police française, diversité des polices anglaises, fédéralisme allemand...) et non à partir de sa rationalisation institutionnelle à l’échelle de l’Union et consacrée dans un « second pilier » et un « troisième pilier » qui le délimiterait tout en l’organisant en deux modalités distinctes. Si tout champ transgresse donc en permanence ses propres limites, il y a néanmoins des « concrétions », des institutionnalisations, juridiques ou non, qui le « cadrent » et donnent des repères aux agents eux-mêmes. Le champ est alors défini par la place que les agences occupent en fonction des jeux nationaux mais aussi par les réseaux transnationaux de relations qu’elles ont su tisser dans un espace plus large et qui a la propriété conjoncturelle de s’élargir sans cesse en refusant de définir des bornes – géographiques ou culturelles. Il n’est pas une série de sous-champs autonomes (policier, militaire, judiciaire entrant en interaction) ou/et nationaux (français, allemand, polonais), mais bien un champ dans lequel, par exemple, les décisions et stratégies du BKA ont un impact sur le BGS mais aussi sur la PJ française ou la DIA italienne par une série de médiations qui reconfigurent autrement certains métiers de police et certains métiers militaires ainsi que les métiers intermédiaires, en modifiant leurs missions et priorités, en créant des convergences sur certains types de dangers, et en poussant à des alliances nouvelles à la suite de la dé-différentiation de l’interne et de l’externe provenant de la transformation des pratiques de violence et des technologies d’identification et de surveillance47. Cette reformulation du champ inclut aussi de nouveaux acteurs comme les sociétés privées de surveillance et en relègue d’autres aux marges comme les stratégistes en créant des scissions internes et de nouvelles alliances qui modifient les positions dominantes dont la seule ancienneté ne suffit plus à pérenniser l’autorité. Cette transversalité par rapport aux états précédents du ou des champs, ou pour le dire autrement cette porosité des frontières est accélérée par la centralité des questions gérées par le champ pour les autres champs et par la multiplicité des formes de résistances venant des agents dominés du champ ou de ceux qui y sont extérieurs mais se mobilisent pour en changer les frontières.
Par ailleurs la dynamique du champ transversal de la sécurité tend semble-t-il à l’élargir toujours plus mais des abandons sont aussi possibles. On peut désécuriser certains thèmes ou des pays peuvent se distinguer à nouveau et chercher à clôturer leur espace. Un des problèmes tient alors aux « trous » que cela crée dans l’espace ou pour user d’une autre métaphore, aux « différences de pression » qui structurent des sous-champs. L’espace n’est pas homogène à l’intérieur des frontières du champ. Ceci est vrai en termes d’activités comme en termes géographiques. Plus qu’à une sphère, le champ ressemble alors à la topologie complexe d’une bouteille de Klein (ou d’un gruyère français avec des trous mais des continuités)48.
Décrire et analyser le champ de la sécurité n’est donc pas se contenter de la reconstitution du savoir pratique des acteurs à travers des entretiens, ou faire uniquement le recensement des agences qui le composent, en pensant pouvoir additionner des acteurs bureaucratiques et politiques des divers pays membres de l’Union – qui seraient « naturellement » le cadre de déploiement des relations –puis, dans un deuxième temps, regarder leurs interactions en décidant de la proximité ou de la distance des agences les unes aux autres à travers ce critère national sociétal. Il s’agit de décrire des relations renvoyant à des pratiques (de surveillance, de contrôle…). Pratiques qui, dès lors, s’agencent au sein de (ou transversalement à) divers organismes et institutions dont l’espace est à déterminer et qui peut aller au-delà de l’Etat.
Le champ des professionnels de l’(in)sécurisation crée donc des formes de collaboration et de compétition entre des agences qui, auparavant, se côtoyaient minimalement (armées, services de renseignement, polices à statut militaire, polices des frontières, douanes, polices judiciaires, sécurité civile, justice). Il pousse les policiers à se déplacer au-delà des frontières et à y rester. Il pousse les militaires à s’intéresser de plus en plus à ce qui se passe à l’intérieur des frontières. Il joue surtout sur les agences intermédiaires à ces deux univers en restructurant leurs missions, qu’il s’agisse des services de renseignement, des polices à statut militaire ou des douanes. Il introduit des systèmes d’interactions nouveaux entre les agences en restructurant leurs activités, en créant d’éventuelles compétitions budgétaires, en jouant sur leur place dans la fonction générale de coercition ou plus exactement de gestion des menaces. Il pousse à la privatisation de certaines formes de sécurité (surtout individuelles mais aussi locales, communautaires…) et à la concentration des agences publiques sur les formes de sécurité qui sont à cheval sur la frontière entre l’interne et l’externe. Il tend aussi marginalement à faire changer le sens des priorités et à faire mettre l’accent dans le monde policier sur le crime organisé, le terrorisme... (plus que sur la prévention et la police communautaire) et dans le monde militaire à faire plus de place aux menaces dites transverses aux côtés de la dissuasion. Le champ contemporain de l’(in)sécurité à l’échelle européenne peut donc être décrit comme un certain univers produisant un savoir spécifique, et confrontant des agents sociaux aux positions institutionnelles différentes.
On trouvera donc comme agents de ce champ de la sécurité non seulement certains « représentants » des policiers de terrain ou des gendarmes et des douaniers, des hauts fonctionnaires de l’Intérieur, des Affaires étrangères, de la Défense, mais aussi des politiciens, souvent spécialisés sur ces questions. Des stratèges militaires rejoignent eux-mêmes ce champ et entrent dans les luttes, bouleversant quelque peu les relations complexes entres les agences (polices, gendarmeries, douanes). Cette extension est corrélative de la stratégisation de la sécurité intérieure et du désintérêt pour les questions plus classiques de défense. Ces professionnels de la sécurité viennent donc majoritairement des milieux policiers, douaniers, gendarmiques, mais aussi plus récemment de juristes, de diplomates, de militaires, d’industriels travaillant dans la production de matériels utilisés par ces administrations, d’hommes politiques spécialisés dans les affaires de défense, de membres d’associations souvent corrélées à ces milieux, ainsi que d’universitaires eux aussi spécialisés dans ces études de sécurité49. Ainsi les agents du champ de la sécurité, malgré leur diversité, peuvent-ils être définis comme des professionnels de la gestion de la menace ou des inquiétudes, des producteurs de savoirs/pouvoirs sur le couple sécurité/insécurité.
Mais ce qui est essentiel, ce n’est pas de les nommer exhaustivement, c’est de voir et d’analyser ce qui relie ensemble ces différents agents, ce qui fait qu’ils rentrent en compétition pour les mêmes enjeux alors qu’ils ne le faisaient pas auparavant et étaient indifférents les uns aux autres. L’enjeu est donc de comprendre si s’opèrent en pratique des effets de champ puisque c’est par eux que l’on peut déterminer si on est en présence d’un champ ou simplement d’une configuration temporaire, d’un espace de négociation ou de mobilisation entre secteurs différents.
A partir de mes travaux précédents, j’arrive à la conclusion que les effets de champ permettant d’identifier effectivement un champ des professionnels de l’(in)sécurité sont les suivants :
Premièrement, il existe une convergence des systèmes de représentation d’agents qui, auparavant, ne les partageaient pas, et un intérêt spécifique à entrer dans les luttes de définition et de hiérarchisation des « nouvelles menaces ».
Deuxièmement, l’ensemble des agents partage une lecture en termes de danger de toute transformation sociale globale affectant la société et à laquelle les hommes politiques ne peuvent répondre. Ils le font sous l’angle d’une menace et éventuellement de la figuration d’un ennemi, et ce, même si l’expérience immédiate des agents les amène à privilégier leur rôle, leur propre mission spécifique et à rentrer en compétition (crime organisé global contre terrorisme global) à propos des hiérarchies et priorités à suivre dans la lutte.
Troisièmement, il existe une reconnaissance pratique que les prises de position d’une agence de sécurité, fut-elle d’un autre pays ou d’une profession différente peuvent avoir un effet perturbateur ou stabilisateur sur l’ensemble des relations qu’une agence donnée entretient avec les autres… et l’intégration de ce savoir pratique joue dans les stratégies des agences.
Quatrièmement, un des effets de champ les plus puissants tient à la modification des images de certaines agences de sécurité qui apparaissaient à tous comme marginales – quant aux univers policiers et militaires – et qui maintenant apparaissent, à tort ou à raison, comme centrales pour les dispositifs de surveillance et de contrôle (douanes, agences d’immigration, gendarmeries…), parce qu’elles posséderaient des ressources et des savoir-faire de gestion de la menace plus adaptés.
Cinquièmement, il existe une allocation différentiée des missions et des budgets par les hommes politiques favorisant ces agences « intermédiaires » et relativisant le poids des agences plus traditionnelles ; ce qui rend le champ plus mobile car les positions dominantes liées à l’ancienneté sont contrebalancées par les évolutions internes du champ et par la matérialité du danger issus de répertoires d’actions violents plus ou moins inédits dont les attentats de grande ampleur.
Sixièmement, tous les agents insistent sur la nécessité de contacts et de réseaux internationaux dans l’économie des luttes budgétaires nationales ou régionales et il n’est plus d’agents qui ne cherche à avoir des correspondants étrangers, des synergies, des échanges d’informations, même les plus réfractaires d’entre eux idéologiquement, le font en expliquant qu’ils y sont contraints.
Septièmement, les succès des agences sont liés à l’influence déterminante des savoir-faire en matière de gestion des inquiétudes et en termes de résolution des pratiques de violence ainsi qu’à leur capacité à en convaincre les hommes politiques. Pour obtenir ces succès, il leur faut des alliances à l’échelle transnationale et des solidarités professionnelles partagées ainsi que des visions homologues du métier et du sens des priorités.
Huitièmement, le maintien dans le champ suppose la possession de technologies spécifiques permettant d’agir à distance. Et sans ce dernier critère les agents sont peu à peu exclus du champ.
En conclusion, je retiens donc des travaux de Pierre Bourdieu essentiellement la notion d’effet de champ, et celle de corrélation entre les prises de position, les systèmes de dispositions (liés à la socialisation professionnelle) et les positions objectives des porte-parole et des institutions, tenant à l’historicité du champ et à l’autorité qui leur est reconnue. Mais ma critique de Bourdieu sur la fixité des critères de différentiation au sein du champ et entre les champs m’amène à revenir à Michel Foucault et à lui emprunter les notions de programme de vérité, de savoir, et de dispositif. La notion de dispositif empêche de voir le champ comme une configuration d’agencements techniques et juridiques monolithiques et permet d’y voir au contraire une configuration d’agencements sociaux mouvants. Elle est ce qui permet de se distancier du fantasme de la technique propre aux professionnels de la sécurité et à croire qu’ils possèdent un capital spécifique, un savoir supérieur ou des technologies au sens étroit du terme (satellites de surveillance, informatique, électronique de gardiennage...) qui les rendraient plus crédibles. Ils ne possèdent pas un pouvoir ou un capital à part. Ils n’ont à part que certaines pratiques (et les théorisations, justifications de ces dernières).
Ces pratiques sont à la fois éclatées, fragmentées, diffractées dans toute la société (par exemple les logiques proactives des sociétés privées dépassent de loin celles des agences publiques) mais sont plus prégnantes au sein du champ des professionnels de la sécurité. Elles font converger les trajectoires des agents et reconfigurent en un seul champ les univers autrefois différenciés de la police et de l’armée. Les technologies des armes non létales, du maintien de l’ordre, la valorisation de la surveillance et de la prévention remettent en cause, y compris pour l’armée, le « droit de tuer ». Ces technologies rapprochent les pratiques de la guerre et du maintien de l’ordre. On en comprend mieux les « régimes d’énoncés » en mettant l’accent sur les trajectoires des agences intermédiaires (gendarmeries, douanes, police des frontières) et sur les convergences des préoccupations des agences autour des formes de violence d’organisations clandestines au-delà de leur territoire (et labellisées comme terrorisme ou guérilla ou mafia ou crime organisé selon les contextes et les rapports de force symboliques entre les adversaires) ainsi que sur les catégories conçues pour signifier l’interpénétration (menaces transverses, sécurité intérieure, ennemi intérieur).
L’ensemble des effets de champ signalés plus haut n’est donc pas le seul résultat des processus et relations entre les agents du champ mais aussi le résultat de leurs relations avec les autres champs et ce, à travers des dispositifs qui traversent les institutions et ne sont pas réductibles aux logiques de ces dernières ou même à l’habitus de leurs agents50. Ce sont les formes prises par ce dispositif au sens foucaldien que j’analyserai dans un prochain article prolongeant celui-ci.
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