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 la mondialisation de l'(in)sécurité? 3

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Mr ABED
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Mr ABED


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la mondialisation de l'(in)sécurité?  3 Empty
MessageSujet: la mondialisation de l'(in)sécurité? 3   la mondialisation de l'(in)sécurité?  3 Icon_minitime16/8/2008, 23:04

Le champ des professionnels de la gestion des inquiétudes : sécurité intérieure et extérieure
Si ce champ existe depuis longtemps, une question préliminaire se pose en termes de savoir. Pourquoi n’a-t-il pas déjà fait l’objet d’analyses ? Pourquoi a-t-on été aveugle à cet aspect central des relations de domination ? L’idée que les militaires et les policiers sont des exécutants, des serviteurs zélés de l’Etat – qui correspond aussi bien au discours interne de ces professionnels qu’au discours critique sur les appareils répressifs d’Etat – a sans doute joué. Par ailleurs, la constitution des savoirs disciplinaires en sciences sociales, en particulier la coupure entre domestique relevant de la science politique et externe relevant des relations internationales, a empêché pour beaucoup de comprendre les relations entre l’ensemble de ces professionnels et a eu tendance à diviser le champ en deux univers sociaux autonomes qui seraient le monde des polices et celui des armées, dévaluant du même coup toutes les institutions « intermédiaires » comme les polices à statut militaire, les garde-frontières ou les douanes. La structuration du savoir académique en reproduisant les lignes de partage organisationnelles de la frontaliérisation étatique – avec d’un côté l’interne et de l’autre l’externe ; d’un côté le pacte social et le monopole de la violence, de l’autre l’anarchie du système international et l’horizon hobbesien transplanté à l’échelle internationale, avec la possibilité de la guerre de chaque Etat contre l’autre ; d’un côté la police et la justice nationale, de l’autre les armées et la diplomatie – a bloqué l’analyse.
Le simple fait de décrire une activité comme celle des policiers à l’étranger comme nous l’avons fait dans notre livre25, ou bien l’activité des militaires à l’intérieur de leur territoire, ou la surveillance de l’Internet par les services de renseignement, ou les développements de la justice pénale à l’échelle internationale26 perturbe en effet ces catégories d’entendement traditionnel reposant sur cette coupure entre inside et outside dont Rob Walker a montré à la fois la cohérence et les limites en termes d’imagination politique27. Comme le soulignait Ethan Nadelmann dans un livre pionnier, à propos des policiers de la DEA (Drug Enforcement Agency) travaillant hors des Etats-Unis « Ce domaine d’activité gouvernementale à l’intersection de la justice criminelle et de la politique étrangère s’est accru de manière considérable ces vingt dernières années et n’a toujours pas fait l’objet d’une recherche universitaire... il est pourtant si significatif qu’il nous faut à la fois l’identifier, le décrire et lui poser une série de questions qui habituellement relèvent de différentes disciplines. Il nous faudra donc traverser les barrières intellectuelles habituelles pour proposer des hypothèses de travail puisant aussi bien aux relations internationales qu’à la criminologie »28 .
Seulement, si l’ouvrage de Ethan A. Nadelmann est sans doute novateur sur le plan de l’objet – dans la mesure où il remet en cause les interprétations les plus conventionnelles en montrant que l’internationalisation de la police ne s’explique pas par l’internationalisation du crime, mais provient plutôt de la criminalisation d’activités qui ne l’étaient pas auparavant, du renforcement du rôle des agences fédérales et des rivalités institutionnelles poussant à trouver des soutiens à l’extérieur, ainsi que de la volonté gouvernementale américaine d’imposer une certaine vision de la loi et de l’ordre hors de ses frontières –, il est néanmoins limité en ce qu’il ne voit pas la connexion entre ce domaine de la lutte contre le crime et la lutte contre l’immigration illégale, pas plus qu’il ne perçoit l’interpénétration entre sécurité intérieure et sécurité extérieure dont une des conséquences est justement la criminalisation de la guerre, la transformation des fonctions de combat des militaires en opérations de police internationale et en opérations dites humanitaires ou de consolidation de la paix29. Peter Katzenstein, en revanche, dans ses différents articles, est un des auteurs ayant le mieux perçu qu’il était nécessaire d’analyser ensemble les problèmes de sécurité intérieure et de sécurité extérieure. Il est un des premiers à voir les relations entre armée et police dans les pays comme l’Allemagne et le Japon où la limitation de la fonction militaire a créé une hypertrophie de l’appareil policier et de son déploiement international dans le cas allemand. Il est aussi un des premiers à noter qu’après la fin de la bipolarité, les militaires se retrouvent dans une situation où la perte d’une menace précise les pousse à se replier vers des menaces diffuses (terrorisme international, lutte contre les mafias de la drogue…) déjà traitées par les policiers sous de nombreux angles et tous ces travaux mettent à mal les thèses récentes sur l’impact fondateur des attentats du 11 septembre dans ce domaine30. Sur le plan méthodologique, Peter Katzenstein met aussi en garde contre les segmentations des questions et des savoirs, même s’il se positionne un peu trop strictement comme internationaliste. Par ailleurs, il juxtapose plus qu’il ne restructure les dimensions de l’interne et de l’externe ; cela lui semble plus proche de vases communicants mais néanmoins distincts que de phénomènes de dé-différentiation. Dans mon ouvrage Polices en réseaux comme dans les différents articles qui ont suivi, j’ai franchi un pas de plus en reconsidérant ce qui est admis traditionnellement comme les frontières légitimes dans le savoir académique, en particulier en proposant une sociologie politique de l’international « normalisant » l’interprétation des phénomènes internationaux et en en faisant des faits sociaux ordinaires. En cassant cette dichotomie entre savoir sur l’interne et sur l’externe, la frontière entre monde policier et monde militaire s’est montrée bien plus perméable, et a permis de prendre en considération toutes les agences intermédiaires comme les polices à statut militaire, les gardes frontières, les douanes, les agents d’immigration en comprenant mieux les liens instaurés par ces agences entre elles et les effets que ces écarts de position ont sur leurs prises de position ainsi que sur la constitution d’un continuum sémantique qui lie à un bout du spectre la lutte anti-terroriste et à l’autre bout la situation d’accueil des réfugiés. La « déconstruction » de la frontière même entre ces savoirs a permis de faire surgir un champ cohérent d’analyse, une configuration ayant ses propres règles et sa cohérence – le champ des professionnels de la gestion des inquiétudes – là où l’on ne voyait avant que des sujets marginaux aux confins de disciplines s’ignorant mutuellement et se construisant en opposition ou, au mieux, une intersection entre domaines différents – les policiers à l’étranger ou la justice internationale dans ses rapports aux militaires, ou la construction de l’image de l’ennemi intérieur par les services de renseignement et son application à certaines catégories d’étrangers.
Avec la théorie du champ des professionnels de la gestion des inquiétudes, on traverse ainsi la ligne habituelle tracée par les sciences sociales entre externe et interne, entre problèmes de défense et problèmes de police, entre problème de sécurité nationale et problème d’ordre public. Cette hypothèse réunit en effet aussi bien les militaires que les policiers et tous les autres professionnels de la gestion de la menace au sein d’une même configuration, pour utiliser le terme de Norbert Elias, ou de champ, pour utiliser celui de Bourdieu.
C’est pourquoi, après des hésitations sur la formulation exacte de l’hypothèse à travers différents articles – interpénétration entre secteurs, chevauchement des univers sociaux, perte de repères et de frontières des acteurs, brouillage des identités – je préfère parler maintenant en termes de dé-différenciation des questions de sécurité intérieure et extérieure31. Cette formulation permet en effet de rappeler le caractère de construit social-historique du processus de différentiation dont rend compte la sociogenèse de l’Etat occidental chez Norbert Elias ou Charles Tilly. Cela permet aussi de penser le champ de la sécurité comme champ traversant l’interne et l’externe, comme nouvel espace de lutte générant entre professionnels de la sécurité des intérêts communs, un même programme de vérité, de nouveaux savoirs.
Pour comprendre ce champ, tel qu’il se constitue en tant qu’espace transnational de gouvernementalité de l’inquiétude dans les sociétés du risque de l’espace occidental, il est alors nécessaire d’en faire la généalogie, d’en marquer les similitudes dans tout cet espace et d’en signifier les différences, tant géographiques que professionnelles. Un des intérêts de l’approche est de montrer comment la coopération policière est liée à la question du contrôle des frontières, de l’immigration, à la lutte antiterroriste et aux relations avec les forces armées, aux relations transatlantiques, et on pourrait ajouter aux relations entre la gestion publique et privée de la sécurité sous son angle coercitif. L’idée est de refuser de créer un isolat académique considérant les organisations qui s’appellent polices nationales comme un objet allant de soi et déterminant ce qu’est la police aujourd’hui. Faire la police est de moins en moins une question nationale et de moins en moins une activité réservée aux organisations publiques s’intitulant police nationale. Je ne vais pas refaire ici une description détaillée des pratiques de la collaboration policière à l’échelle européenne et des archipels institutionnels qui les alimentent. Plusieurs articles et ouvrages l’ont déjà fait. Je voudrais plutôt, après en avoir brièvement rappelé quelques caractéristiques, discuter des implications méthodologiques et théoriques de ce que l’analyse en termes de champ peut montrer à propos de la collaboration policière européenne et que les autres analyses ignorent.
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