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 la mondialisation de l'(in)sécurité? 2

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Mr ABED
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Mr ABED


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la mondialisation de l'(in)sécurité?  2 Empty
MessageSujet: la mondialisation de l'(in)sécurité? 2   la mondialisation de l'(in)sécurité?  2 Icon_minitime16/8/2008, 23:03

La transnationalisation des professionnels de la gestion des inquiétudes : l’(in)sécurisation en deçà et au-delà des énoncés politiques nationaux et souverains
Dans cette approche des processus d’(in)sécurisation, il est important de bien différencier les prises de position sur la hiérarchisation des menaces (terrorisme, guerre, crime organisé, invasion migratoire) et voir la corrélation qui existe avec les divers métiers : métiers de police urbaine, de police criminelle, de police antiterroriste, de douane, de contrôle de l’immigration, de renseignement, de contre-espionnage, de maîtrise des technologies de l’information, de surveillance par des systèmes de détection des activités humaines à distance, de maintien de l’ordre, de rétablissement de l’ordre, de pacification, de protection, de combat urbain, d’action psychologique… Ces métiers n’ont pas les mêmes logiques, n’assurent pas une seule et même fonction que l’on pourrait nommer sécurité. Ils sont hétérogènes et en compétition, même si, nous allons le voir avec les effets de la transnationalisation, la différentiation instituée autour du mythe d’une frontière étatique imperméable tend à disparaître. La structuration du rapport privé / public définit un axe permettant de distribuer les agences régulant la vie ou s’appuyant sur le pouvoir de tuer. Auparavant il existait un monopole des agences publiques sur la gestion de la menace externe et des crises graves à l’ordre public. Mais celui-ci est remis en question par la multiplication d’agences mixant privé et public, et apportant les capacités des systèmes de prévision et d’anticipation bancaire vers les services de renseignement publics ou l’organisation en termes entrepreneurial de la guerre et de la « consolidation de la paix ». Les compétences managériales privées s’imposent en même temps que la transnationalisation sur le rapport au public et au national dans la gestion de l’(in)sécurité. Les agences qui combinent ces propriétés structurelles renforcent ainsi leurs positions et sont en homologie avec les discours des hommes politiques et think tanks sur le terrorisme global. Il en résulte, après des siècles de spécialisation, une dé-différentiation des activités professionnelles, un accroissement des luttes autour des systèmes de classement qualifiant les événements sociaux et politiques de menaces à la sécurité, et une redéfinition pratique des systèmes de savoirs et de savoir-faire entre les agences de sécurité (publiques ou privées) qui disent avoir en leur possession une « vérité » fondée sur des chiffres, sur des statistiques, sur des cas de personnes ayant peur, et se sentant en insécurité. Cette transnationalisation déstabilise les effets d’obéissance à l’égard des leaders politiques nationaux qui n’ont plus forcément le dernier mot sur ce qu’est la sécurité (même nationale), surtout lorsque celle-ci est dite dépendante d’un contexte global. Il y a alors compétition sur le savoir et la vérité des menaces ainsi que sur la capacité à les anticiper et les prévenir efficacement en les empêchant de s’actualiser. Les professionnels de la gestion des inquiétudes sont souvent en situation, « chiffres à l’appui » disent-ils, de classer, de hiérarchiser ce qui est menaçant et ce qui ne l’est pas, de déterminer ce qu’est la sécurité (réduite à la coercition dans les rapports à la guerre, au crime, à la migration) et ce qui relève du risque (la perte d’emploi, l’accident automobile, la bonne santé qui inversement est insécurisée par le démantèlement des bénéfices sociaux), et de générer un « champ » de l’(in)sécurité, plus ou moins autonome du champ des professionnels de la politique, dans lequel ils se reconnaissent mutuellement compétents, tout en étant en compétition pour le monopole du savoir légitime sur ce qu’est une peur fondée, une inquiétude « réelle »20.
Dans la production de ce régime de vérité sur ce qui fait peur, sur ce qui inquiète et dans la gestion de ces inquiétudes qui s’appuie sur la montée en puissance du doute et de l’incertitude dans les sociétés contemporaines, ces professionnels, en raison des combats qui les opposent en interne, sont amenés à dépasser les frontières nationales, à nouer des alliances professionnelles corporatistes renforçant la crédibilité de leurs assertions. Ainsi, pour ne donner qu’un exemple, la DST française a-t-elle engagée une épreuve de force avec la DGSE sur la connaissance des réseaux terroristes au Maghreb en mettant en place des « échanges de services entre services de lutte anti-terroriste ou de contre-espionnage » qui donnent ainsi à un service limité par ses fonctions aux activités internes un savoir et des capacités d’action sur l’extérieur. Il en a résulté des liens ambigus avec les services tunisiens, marocains, algériens et syriens qui s’opposent aux stigmatisations politiques de ces mêmes régimes. La DST, en contrepartie de la surveillance d’opposants à ces régimes installés en France – et certaines rumeurs évoquent même des complicités d’assassinat – a obtenu des informations plus précises que celles de la DGSE, et s’est servi de ce réseau transnational pour renforcer sa position interne. Les luttes entre FBI, DEA et CIA sont aussi assez connues. Elles ont débouché sur des politiques opposées à l’égard de certains groupes clandestins en Afghanistan dont Al Qaeda dans les années 1990. Les professionnels de ces organisations, en particulier les services de renseignement, tirent des ressources spécifiques de cette transnationalisation en termes de savoir et de pouvoir symbolique, ressources qui peuvent éventuellement les amener à critiquer ouvertement les hommes politiques nationaux et leurs stratégies. Ainsi, comme on l’a vu, lorsque le président des Etats-Unis évoque une menace, il n’est crédible qu’à la condition de ne pas être contredit par la communauté des services de renseignement, sinon la condition du secret et de l’impossibilité de révéler des preuves pour des raisons d’impératif national et de raison d’Etat est mise en doute21. En cas d’opposition frontale entre professionnels de la politique et de la sécurité, le secret n’est plus preuve d’une vérité cachée réservée aux hommes politiques mais, au contraire, doute sur le statut de cette vérité et croyance d’une partie de l’opinion dans leur possible mensonge (comme celui des armes de destruction massive en Irak et en particulier leur lien avec Al Qaeda). Il ne reste plus alors souvent aux hommes politiques qu’à jouer la carte charismatique à l’égard de leur opinion. Ils doivent rentrer dans une surenchère sur la confiance, en demandant aux électeurs une croyance quasi religieuse dans leur jugement, alors que les mouvements de citoyens doutent toujours encore un peu plus des informations22.
La notion d’Etat, au sens classique des relations internationales, comme acteur unitaire dégageant un intérêt national, ne résiste pas à ces tensions créées par l’existence de liens bureaucratiques transnationaux entre polices, services de renseignement, ou armées. Contrairement aux assertions de base des auteurs cynico-réalistes de relations internationales, il ne se forme pas d’intérêt national, de convergence nationaliste permettant de réunir autour d’un gouvernement des positions bureaucratiques différenciées. Au contraire, celles-ci se cristallisent au cœur de réseaux transnationaux et autonomisent des politiques sectorielles qui échappent aux professionnels de la politique, et ce tout particulièrement dans l’arène européenne qui a institutionnalisé un espace au-delà du national. Il se développe depuis plus de trente ans de nouvelles organisations ou au moins des réseaux et groupes informels structurés qui transcendent les frontières nationales et qui délocalisent en fait les lieux de décision politique. Le champ s’institue donc entre « spécialistes », avec des « règles du jeu » spécifiques qui supposent une socialisation particulière, un « habitus » hérité des trajectoires professionnelles et des positions sociales, mais qui n’est pas forcément frontaliérisé « nationalement ».
L’Etat n’est pas le dieu Janus de l’antiquité à la double face. Les gouvernants ne peuvent s’appuyer sur les rhétoriques de la souveraineté, de la citoyenneté, de la raison d’Etat avec la même performativité. Le doute est là, sur leurs capacités à gérer, sur la correspondance entre leurs croyances et les situations contemporaines. La domination se découplerait de la forme étatique territoriale et des classes politiques traditionnelles. Elle n’en serait pas moins puissante mais prendrait de nouvelles formes : transnationalisation des bureaucraties de surveillance et de contrôle, changement des systèmes de responsabilité entre les entreprises et les hommes politiques en ce qui concerne le travail et les formes de redistribution, styles de vie et cultures professionnelles transfrontières… Or, ces formes originales de gouvernementalité, en prise avec le transnational, en se développant, renforcent la remise en cause de la notion d’Etat territorial, tel qu’il était classiquement défini par Max Weber et auparavant par Hobbes à travers la monopolisation de l’usage de la force et sapent parfois les bases d’une légitimité que ces groupes ne peuvent encore abandonner totalement23. En parallèle avec la montée d’un monde des corporations, la transnationalisation a donc touché l’ensemble des bureaucraties et des agents qui composaient l’Etat, une fois admis que celui-ci n’est pas un acteur unitaire. Cette transnationalisation n’a donc pas simplement affecté les acteurs privés, les ONG, les mouvements protestataires, elle a centralement affecté les acteurs dits publics. La transnationalisation des bureaucraties a créé une socialisation et des intérêts professionnels différenciés qui prennent le pas sur les solidarités nationales. L’OTAN dans les milieux de la défense, comme Interpol et plus récemment Europol dans les milieux policiers, ainsi qu’Eurojust dans le milieu judiciaire ont depuis longtemps concouru à la formation de ces socialisations et solidarités au-delà du national.
Ce « champ » des professionnels de la gestion des inquiétudes explique donc à la fois la constitution des réseaux policiers à l’échelle globale, la policiarisation des fonctions militaires de combat et la transformation de la notion de guerre au sens où le pouvoir souverain de tuer (attribut militaire par excellence) se change en forme de pouvoir de conduire les vies (attribut plus policier de gestion biopolitique). Il explique la criminalisation et la judiciarisation de la notion de guerre qui découlent de son émancipation du cadre stato-centré qui l’avait capturé langagièrement pour lui faire signifier uniquement le choc armé entre les nations. Il permet de comprendre la mise en place d’une forme spécifique de gouvernementalité de l’inquiétude comme forme de gestion des vies que l’on peut résumer à travers l’instauration d’un dispositif Ban-optique passant par le développement de pratiques exceptionnalistes, la mise à l’écart des étrangers et l’impératif normatif de mobilité24.
Je vais maintenant préciser pourquoi la notion de champ est utile pour analyser la convergence des processus d’(in)sécurisation interne et externe et ensuite montrer les spécificités de la notion de champ des professionnels de l’(in)sécurité qui diffère d’une stricte application des thèses de Pierre Bourdieu et engage dans une redéfinition de la notion de champ.
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