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 la mondialisation de l'(in)sécurité? 2

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Mr ABED
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Mr ABED


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MessageSujet: la mondialisation de l'(in)sécurité? 2   la mondialisation de l'(in)sécurité?  2 Icon_minitime16/8/2008, 23:02

Les confusions de ces analyses dites stratégiques portent, pour ne citer que les plus flagrantes, sur le rapport entre sécurité de l’Etat et sécurité personnelle, sur la relation entre menace de défense, menace policière, risque pour la société et changement social. Il en résulte la plupart du temps une incompréhension du social, avec une « stratégisation » des dangers du quotidien, une insécurisation du monde où le risque est toujours lu comme danger et non comme opportunité, et une montée des intolérances où le racisme et la xénophobie sont « justifiés » par une grille de lecture en termes de conflits civilisationnels. La géopolitique des Etats est alors brusquement relue sur le plan local et sociétal en termes de danger de la mixité culturelle sur le même espace géographique et l’intercommunautaire devient à l’intérieur l’équivalent de la grille de lecture géopolitique interétatique14. Le brouillage créé par ces discours de confusion entre guerre et crime afin de justifier leurs positions produit des effets contre-productifs pour la lutte contre la violence politique des organisations clandestines, dans la mesure où cela leur donne une ampleur que ces organisations n’ont pas, et que par ailleurs cela affaiblit les ressources des services en termes de moyens humains (enquêtes ciblées et au contact) en mettant toutes les ressources dans des moyens techniques (bases de données, systèmes experts, contrôle à distance). Bref, au lieu de rassurer et de protéger effectivement, ils troublent et inquiètent pour générer de l’obéissance, tout en ne protégeant pas mieux, mais en proposant de contrôler toujours plus de personnes, par des moyens toujours plus intrusifs, certes, mais toujours aussi aveugles aux tactiques banales des poseurs de bombes.
Ces nouveaux experts qui se veulent « modernes » viennent des think tanks, de l’industrie privée, de milieux journalistiques. Ils proviennent aussi des milieux militaires héritiers des troupes coloniales, longtemps marginalisés durant la Guerre Froide et après l’échec du Vietnam par les responsables de la dissuasion et du conflit Est-Ouest en Europe qui estiment qu’ils ont leur revanche (théorique et pratique) avec le développement d’une forme de violence dans les démocraties occidentales qu’ils veulent lire à travers leur vieille théorie des conflits de basse intensité et de combat asymétrique. Ils sont soutenus par les intérêts d’une industrie de la surveillance de masse en pleine expansion à partir des compagnies de gardiennage, mais qui maintenant prétend à la haute technologie via le développement des bases de données, de leur interconnexion rapide malgré les distances, de leur corrélation avec des identifiants biométriques ; industrie qui s’appuie sur le croisement de réseaux professionnels de jeunes cadres sortant des meilleures écoles de commerce et des jeunes et moins jeunes retraités des armées professionnelles et des services de police et de renseignement. Ils proviennent enfin et surtout de la multiplication de cellules d’analyse de risque, mi-privées, mi-policières, souvent transnationales, visant à anticiper les comportements des acteurs sociaux à partir de larges séries statistiques à variables multiples que le « data mining », l’accumulation de sources ouvertes, et les « logiciels experts » de profil favorisent. Les services de renseignement et d’analyse policière sont les plus consommateurs de ce genre d’expertise réservée auparavant au secteur bancaire. Ils y voient la solution technique à la demande politique d’avoir des politiques proactives anticipant les événements.
Ces Modernes s’opposent à d’autres experts plus traditionnels qui critiquent cette vision de la mondialisation des insécurités débouchant sur des réformes et obligeant à l’intégration des forces car ils y voient une rhétorique bien ancienne et bien connue de la part de ceux venant de la fraction du monde militaire ayant opéré dans les « vraies » guerres et ayant théorisé les conflits de basse intensité, ou venant de la part des spécialistes du monde du contre terrorisme. Ils y voient une analyse fausse de la hiérarchie des dangers, une exagération des risques, qui, bien qu’éminemment sérieux, ne mettent pas en cause la survie de la nation et qui sont aggravés par des solutions purement coercitives, visant l’élimination totale de l’adversaire et engendrant une escalade de la violence. Ils y voient aussi une attaque contre la souveraineté de leur pays (au nom de la collaboration) et pire encore une attaque contre le pouvoir des catégories dominantes qu’ils représentent – haute hiérarchie militaire et policière, juges… Ils préfèrent donc les anciennes solutions des contrôles des frontières nationales, de la distinction claire entre guerre et terrorisme, et de la stricte répartition des compétences entre militaires et policiers avec le minimum de chevauchement possible entre leurs missions respectives. Ils sont partisans de contrôles renforcés aux frontières mais craignent la suspicion généralisée interne, privilégient souvent une vision judiciaire de la violence sur une vision guerrière. Ils sont aussi les promoteurs d’un renseignement humain et ciblé, plus crédible que le tout technologique de la connexion bases de données et identifiants biométriques. Bien que plus efficace et moins destructeur des libertés, leur discours est néanmoins mal accepté par les hommes politiques à l’heure actuelle car ils ne proposent que d’intensifier ce qui existe, là où les leaders veulent du « radicalement neuf » pour montrer leur activité politique.
Ces « anciens » occupent encore les positions les plus puissantes et les plus prestigieuses dans la plupart des pays, et tout particulièrement en Europe et surtout au Royaume-Uni, mais ils sont « en perte de vitesse » aux Etats-Unis où les néo-conservateurs ont fait le choix d’une alliance avec les « sécuritaires sans frontières » et ont abandonné la logique purement territoriale de protection du « homeland », de la patrie. La patrie se défend à l’extérieur en frappant les « bases » et en démantelant les « réseaux », en faisant la guerre au terrorisme avec l’espoir un peu fou qu’il n’y aura pas de réaction en chaîne et que l’on arrivera à prévenir des attentats chez soi en portant le fer à l’étranger15.
Les compromis et les alliances entre ces visions et les institutions qui les portent, se multiplient et expliquent la difficulté de remettre en cause les catégories communes à ces deux discours. Une « doxa » s’impose. En même temps, il y a conflit entre divers discours d’(in)sécurisation, et non pas un seul discours sécuritaire homogène. Et c’est cette querelle entre Anciens et Modernes alimentant le discours d’(in)sécurisation qui submerge le monde politique et les médias. C’est elle qui empêche un débat équilibré autour des relations entre danger, sécurité et liberté, car la liberté est prise entre l’arbre de la sécurité intérieure et l’écorce de la sécurité extérieure. Rien n’arrête plus les discours d’(in)sécurisation sinon eux-mêmes et leurs contradictions. Les représentations et les vérités de l’insécurité sont contradictoires à l’intérieur même de l’espace discursif des professionnels qui les gèrent avec, en particulier des représentations très différentiées de l’efficacité du contrôle des frontières et des capacités des organisations clandestines.
Ce conflit nous préserve pour l’instant de l’imposition univoque d’une problématique de la « sécurité maximale » où la suspicion l’emporte en permanence sur la confiance à l’égard des étrangers et cela évite que la surveillance, rebaptisée sécurité, prenne définitivement le pas comme valeur centrale sur les libertés. Mais les « modernes », en cherchant à créer un état d’urgence permanent afin de profiter des effets de consensus en période de guerre, semblent vouloir modifier cet équilibre et s’appuient en ce moment sur la radicalisation à droite du parti républicain aux Etats-Unis et sur la dimension religieuse d’un message d’apocalypse pour demain. C’est dans ce contexte qu’ils appellent de leurs vœux plus de coopération internationale, plus de centralisation, plus d’unification des services au nom de l’efficacité. Et plus les attentats sanglants frappent des pays occidentaux, plus leur discours devient la seule interprétation des événements, alors même
que les enquêtes divergent de ces appréciations et insistent sur les dimensions locales et « coloniales » de ces violences16. Mais ces appels à « l’unité impériale » restent plus ou moins sans effet car jouent contre eux les intérêts organisationnels de chaque bureaucratie, les enjeux nationaux et les résistances intellectuelles à une vision cherchant à tout prix à unifier, homogénéiser via la géopolitique globale des situations différentes. A cet égard, ce que l’on appelle dans les médias la « guerre des polices », et au-delà des services secrets et des autres agences de sécurité, n’est pas un dysfonctionnement de la démocratie, mais une des conditions sine qua non pour qu’un équilibre des pouvoirs nécessaire à la démocratie politique représentative puisse se maintenir. Il est nécessaire que les services produisent des analyses différentiées et non pas une synthèse productrice d’unanimisme au prix de discours creux, néo-diplomatiques et d’absence d’analyse détaillée. En effet, seuls les régimes autoritaires ont confié jusqu’à présent à un seul organisme les fonctions de renseignement, d’arrestation et de lutte contre « les activités subversives ».
Dès qu’un régime brandit les arguments de la nécessité d’unité, de centralisation et les combine avec ceux de l’urgence, de la nécessaire mise à l’écart du judiciaire qui serait trop lent et trop laxiste, on rentre dans une série de pratiques qui relèvent de la dérogation et de « l’exceptionnalisme »17. Il se développe dans ce contexte d’un quasi « état d’urgence permanent » une multiplication de pratiques « illibérales » au sein même des régimes libéraux18. C’est ce que j’appellerai plus loin une forme de gouvernementalité par l’inquiétude, où pour rassurer les populations et les amener à obéir, on exacerbe leur peur par un discours du risque et de la suspicion au sein d’un horizon présenté comme celui de l’Apocalypse. Cette forme de gouvernementalité par l’inquiétude est alors générée par la concurrence au sein du champ des professionnels de l’(in)sécurité sur les enjeux du présent et les visions du futur, concurrence qui n’empêche pas une croyance commune sur la nécessité de l’action, du secret, de la décision souveraine et rapide.
Ce développement est doué d’une dynamique propre dans la mesure où il est porté par des réseaux transnationaux de professionnels de l’(in)sécurité qui dépassent les frontières d’un seul Etat. Il conforte dans un Etat des pratiques illibérales dans la mesure où elles se transmettent dans les autres Etats et finissent par se « légitimer » de par leur simple prolifération.
Peut-on alors parler de « complicité globale » et de dérive vers un nouveau « fascisme » ou de « marche forcée vers l’empire » comme le fait une certaine critique ? Existe-t-il une stratégie unifiée de certains professionnels (policiers, militaires, agents de renseignement) qui viserait à changer de régime, à diminuer les libertés publiques, à toujours contrôler et surveiller davantage tous les individus ? Ce n’est pas impossible dans certains cercles restreints, mais, pour l’instant rien ne le prouve. Et il faut bien comprendre que l’(in)sécurisation se nourrit de ces compétitions discursives qui saturent le champ professionnel et des luttes organisationnelles et politiques qui sont générées par ces oppositions. Le complot des services de sécurité est tout aussi fantasmatique que le complot mondial d’une seule organisation clandestine ayant des ramifications et des soldats infiltrés partout dans le monde.
L’analyse en termes de champ que je propose est dès lors décalée par rapport à certains discours « critiques » enclins à préjuger trop rapidement de l’unité des agents et agences de la sécurité. En ce sens mon analyse est plus centrée sur les effets du pouvoir que sur son intentionnalité. Elle se distancie aussi du discours d’expertise à la recherche d’une solution plus efficace pour réprimer la violence et interroge du même tenant efficacité et légitimité, efficacité de court terme et crédibilité de la solution à moyen et long terme. La critique porte sur le processus et se méfie des stigmatisations et accusations que l’on retrouve dans les thèses de la guerre au terrorisme comme dans celles du complot des services secrets, qui, bien qu’en apparence opposées, se rejoignent dans la manière dont elles focalisent sur un type d’acteur sans étudier la relation entre eux19.
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