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 la mondialisation de l'(in)sécurité? 6

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Mr ABED
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Mr ABED


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la mondialisation de l'(in)sécurité?  6 Empty
MessageSujet: la mondialisation de l'(in)sécurité? 6   la mondialisation de l'(in)sécurité?  6 Icon_minitime16/8/2008, 23:07

Le champ des professionnels de l(in)sécurisation
Si l’on tente une définition préliminaire du champ des professionnels de l’(in)sécurité ou de la gestion des inquiétudes en suivant ces quatre critères, on dira d’abord que le champ dépend, non pas tant de la possibilité réelle de l’emploi de la force, telle que la sociologie classique le donne à voir chez Hobbes ou Weber en faisant de celle-ci une propriété des instances coercitives, mais de la capacité par les agents d’une production d’énoncés sur les inquiétudes et les solutions pour les gérer ainsi que des capacités en hommes et en techniques d’en faire une recherche quotidienne, développant des corrélations, des « profils » et sériant ceux qu’il faut identifier et surveiller (voir les graphiques du champ en annexe). L’enjeu du champ des professionnels de l’(in)sécurisation est la définition de l’adversaire, des savoirs sur ce dernier et des modes de gestion de la vie qui en dépendent. Les agents du champ tendent ainsi à essayer de monopoliser la définition des menaces légitimement reconnues, en excluant les visions alternatives et en luttant entre eux pour imposer leur autorité sur la définition de qui fait peur.
Il ne s’agit pas simplement de la capacité de donner la mort et d’imposer une monopolisation de la violence permettant à l’Etat d’avoir le dernier mot, il s’agit aussi de gérer la conduite des individus vivants, de les surveiller, de les contrôler, de les dresser. Il ne s’agit pas simplement de la capacité des armées mais aussi de la force de conviction du respect de l’ordre public, de la civilité et de la manière de faire la police. Il ne s’agit pas simplement de l’ordre des relations internationales et interétatiques classiques où la guerre signifie le choc entre les nations mais aussi de l’ordre interne et des relations intersociétales où la guerre peut signifier la lutte interindividuelle et la mise sous influence. Bref le champ de la sécurité ne se situe pas au point extrême de la survie et de la capacité de mise à mort, il se déploie sur tout l’axe de la gestion des conduites des vivants jusqu’à ce point de la survie. Polices, sociétés d’assurances, sociétés de protection font partie de cet espace social non réductible aux seuls enjeux militaires et à la seule sécurité nationale.
L’élargissement de la sphère de ce qu’est l’(in)sécurité au-delà de la survie nous amène aussi à comprendre que les technologies, les ressources capitalistiques de destruction ne sont là aussi qu’un des pôles du champ. Tout n’est pas réductible à la manière de survivre. Il s’agit plutôt de gérer les inquiétudes ou le malaise des populations en jouant sur le fait de pouvoir les inquiéter ou les rassurer plutôt que sur le fait de les protéger. Et l’ordre discursif est ici central. Les inquiétudes peuvent relever de peurs, de risques, de menaces non intentionnelles ou intentionnelles. Elles sont plus ou moins fondées, plus ou moins corrélées à la structure du danger et à la matérialité de ce dernier, ainsi qu’à sa possibilité effective de s’actualiser. Dans le cas de menaces intentionnelles assorties d’un danger d’usage délibéré d’une violence physique, la crédibilité de l’inquiétude est plus grande que lors de l’énonciation d’un risque non précisé et dont la temporalité est inconnue ou aléatoire. Et les transformations des technologies de violence ont une incidence certaine sur le champ de l’(in)sécurité. Mais, celui-ci n’en dérive pas. Une des propriétés du champ tient à ce que les agences, dans leur volonté de gestion et de prévision, « disent » l’(in)sécurité en en délimitant les frontières et en en donnant les hiérarchies. Et si le champ s’étend c’est aussi parce que les agents dominants utilisent l’anthropomorphisation du danger afin de justifier de leur action et de leurs capacités à « prévenir » le danger, quel qu’il soit. Cela les amène à construire l’image d’un ennemi, même là où il n’y en a pas ou là où il en existe une multitude, en fabriquant dès lors, volontairement ou non, une polarisation sociale prolongeant ou restructurant les alliances politiques ordinaires et les jeux bureaucratiques. La connexion entre matérialité du danger, exercice de la violence et signification de cette dernière est structurée sous l’angle de la naturalité pour faire oublier le travail structurant d’énonciation de la menace et de l’ennemi. Le processus d’(in)sécurisation repose alors sur les capacités routinières des agents « de gérer et de contrôler la vie », pour reprendre la formule de Foucault, à travers les agencements concrets qu’ils mettent en place.
Ainsi, par rapport à la définition générale du champ donnée par Pierre Bourdieu, j’ai été amené dans l’univers bureaucratique étudié, à critiquer la notion des espèces de « capitaux » différents (économique, culturel, symbolique) qui permettaient de différencier les positions, et j’ai plutôt insisté sur une distribution des positions en fonction d’un certain type de rapport à l’Etat (public/privé) générant un capital spécifique qui s’amenuise sous pression du libéralisme et en fonction d’un certain type de savoir (celui de gestion de la vie – ou biopouvoir – et de la mort – souveraineté), et j’ai essayé de montrer leur homologie avec les types d’énoncés que chaque agence vise à promouvoir et qui se rapportent à la régulation de la menace par la frontière ou les flux de populations et à l’(in)sécurité individuelle ou collective43. La distribution du pouvoir au sein du champ s’établit donc en fonction de deux axes : le premier positionne les agences selon qu’elles visent à donner la mort et à mettre en jeu la survie collective ou à conduire la vie, à protéger individuellement ; le second les positionne selon les capacités technologiques et le capital étatique dont elles disposent ainsi que selon leurs capacités managériales quant aux énoncés sur ce qui fait peur, et ce sont ces positions qui permettent de comprendre les prises de positions des agences. C’est pourquoi la notion de champ que je développe est en quelque sorte hétérodoxe. Les « savoirs » de ces professionnels ne sont pas des connaissances neutres ou de simples schèmes de perception mais des dispositifs d’énoncés et de visibilités, des agencements pratiques propres à un champ spécifique qui conditionnent les énoncés sur la vérité de ce qu’est l’(in)sécurité. Ils sont en quelque sorte les relations de mises en forme des rapports de force entre le champ des professionnels de l’(in)sécurité et les autres champs sociaux. Ils participent de collages, d’agrandissements de vues partielles qui recouvrent le tableau général, et lui donnent un sens qu’il n’a pas forcément44.
Dans le cas du champ de l’(in)sécurité, ce champ est déterminé par les luttes entre les agences policières, intermédiaires et militaires autour de la définition de la sécurité et de la hiérarchie des menaces. La question centrale pour définir la sécurité est donc de savoir qui est autorisé, à qui on a délégué le pouvoir symbolique de dire ce que sont les menaces. A cet égard, il est impossible d’en rester aux énoncés eux-mêmes, il faut s’intéresser aux « énonciateurs » et à leurs positions d’autorité, à leurs intérêts au sein du champ.
Concernant le champ de l’(in)sécurité, ce qui fait sa « force » d’attraction, c’est que les agents du champ pensent à travers les mêmes catégories (terrorisme, crime organisé) et qu’ils tendent à imposer aux autres agents sociaux via la croyance de ceux-ci en des connaissances supplémentaires et secrètes de ces professionnels, et via l’efficacité de leur travail routinier, une certaine approche du changement social, des risques, des menaces et des ennemis. Le champ de l’(in)sécurité est à ce titre au sein du champ du pouvoir en tant que champ bureaucratique, à l’intérieur duquel des agents et des groupes d’agents gouvernementaux ou non gouvernementaux entrent en lutte pour pouvoir « régler » une sphère particulière de pratiques (classer, trier, filtrer, protéger, exclure, enfermer…) par des lois, des règlements et un pouvoir d’appréciation au quotidien du permis et de l’interdit. Même si les hommes politiques nationaux jouent un rôle clé dans la structuration des problèmes comme problèmes de sécurité, ce dernier point du rapport à la pratique, au terrain fait que les agences qui font partie du monde de la sécurité sont quasiment les seules à pouvoir lutter avec des chances de succès pour imposer leur autorité sur la définition de qui fait peur. Elles ont certes tout intérêt à coller aux définitions données par les acteurs politiques mais à les investir de leurs propres significations et pratiques. A cet égard la lutte entre les agences se double d’une lutte de reconnaissance envers les hommes politiques qui ont toujours le pouvoir de les supprimer ou de les réformer. Elle se double aussi d’une lutte pour exclure d’autres acteurs (églises, organisations de droits de l’Homme...) en disqualifiant leur point de vue sur les menaces et les politiques publiques visant à les prévenir. Les agents du champ de l’(in)sécurité ne peuvent entrer en compétition avec les hommes politiques que si le champ dépasse les jeux nationaux, évoque la globalité d’une menace, et contraint les hommes politiques à admettre qu’ils doivent coopérer et abandonner le dernier mot de la souveraineté. La montée en puissance des agents du renseignement comme compétiteur des vérités gouvernementales tient à cette globalité présumée.
Ainsi, si l’immigrant, en particulier musulman, et défini comme « radical », tend à devenir l’adversaire commun aux policiers, aux militaires, aux hommes politiques, ce n’est pas parce qu’il est désigné globalement par tous, de manière consensuelle comme cet adversaire, mais plutôt parce que convergent sur lui des insécurisations différentes (policière avec le crime, le terrorisme, la drogue ; militaire avec la subversion, les zones grises, la cinquième colonne, économique avec la crise, le chômage, démographique avec la natalité et la peur du mélange, du métissage...). Le discours sur l’intégration devient d’ailleurs lui aussi une ligne de sécurisation lorsqu’il s’agit d’intégrer, non pour développer, mais pour se prémunir de futures révoltes.
Si on analyse maintenant la dynamique des luttes du champ de la sécurité, on constate par exemple qu’elle est fortement dépendante des formes prises par les conflits politiques autour de l’européanisation. Mais elle n’en est pas pour autant un produit dérivé, pas plus qu’elle ne serait la résultante conjoncturelle de la fin de la bipolarité ou même de la mondialisation. Ces facteurs jouent mais ne sont pas moteurs pour expliquer la dé-différenciation entre sécurité intérieure et extérieure. En en retraçant certains moments clés, j’ai montré que, dès 1986 et ensuite dans le document de Palma en 1988, on trouve les logiques de sécurisation qui seront justifiées, après coup, par la fin de la bipolarité. Il en va de même des textes européens pris après le 11 septembre mais qui avaient été élaborés avant et surtout en réaction aux événements de Gênes45. On peut dire que la dynamique des contacts et des réseaux entre des agences aux positions géographiques et professionnelles toujours plus diversifiées, anticipe le cadre institutionnel qui vient ensuite la consacrer et la contraindre. Les évolutions des relations de Schengen avec l’Union nordique et la Suisse, ou d’Europol avec les PECO et la Russie, ou encore de l’Eurocorps avec l’OTAN, ne sont pas les conséquences des changements du cadre institutionnel. Elles anticipent la « direction » que peuvent prendre les transformations institutionnelles et tiennent aux concurrences internes entre les agences et à leurs stratégies de recherche d’alliances au-delà de l’Europe au sens strict. Ainsi pour donner un exemple, au niveau européen, comme les luttes s’exacerbent au niveau national, cela pousse à renforcer des contacts internationaux pour triompher nationalement. La recherche d’alliances au-delà des frontières pour promouvoir une certaine conception, un certain style de police à l’intérieur des frontières est déterminante pour comprendre cette européanisation et son impact. La police nationale française et tout particulièrement les services de lutte antiterroriste ont vu dans l’européanisation une opportunité permettant de renforcer leur pouvoir et pour certaines sous-directions la possibilité de s’émanciper de la vision classique du contre-espionnage. Les liens sont passés de services centraux à services centraux avec une tentative de ces derniers d’être les seuls interlocuteurs avec l’étranger. A contrario, les gendarmes, tard venus, ont tissé des liens à l’échelle locale en profitant de leurs effectifs aux frontières, et ont joué la carte du transfrontalier, avec les polices des landers, elles-mêmes opposées au BKA travaillant avec les policiers français. L’historicité est importante. Ces luttes, contrairement à ce qu’une lecture rapide d’Allison suggère, ne tiennent pas de toute éternité à une économie des désirs personnels ou à une fatalité des bureaucraties, mais à la dynamique relationnelle qui découle de leurs trajectoires réciproques et des savoirs, savoir-faire et technologies dont elles disposent. La dynamique des luttes tient à la configuration particulière du champ qui tend à recomposer le processus d’(in)sécurisation par le rapprochement des agences militaires et policières et donc la modification de leur distance relative. Il s’agit dans les luttes budgétaires, les luttes en termes de mission et de légitimité de persuader les hommes politiques qu’elles sont les plus aptes à gérer les menaces transnationales. Les trajectoires des agences sont ici déterminantes, en particulier celles qui tissent un nouveau réseau de relations en connectant des agences qui auparavant ne l’étaient pas. C’est le cas des gendarmeries qui suturent l’univers policier et le militaire, ou des juges d’instruction qui connectent les mondes policiers et judiciaires, ou encore celui des douanes dans la lutte contre la drogue qui créent des ponts entre les polices et les impératifs économiques de libre circulation. Les intérêts des agences intermédiaires à relier les deux univers s’opposent à ceux des agences les plus traditionnelles et à l’intérieur d’elles à ceux qui ont tout à perdre dans ce rapprochement, comme les stratèges de la dissuasion chez les militaires et les policiers de sécurité publique dans la police. Ainsi, les positions des acteurs, et plus encore leurs trajectoires, tendent à déterminer leurs prises de position, les types de registres discursifs qu’ils utiliseront, les énoncés qu’ils mobiliseront pour leur combat, les aveuglant ainsi sur leurs ressemblances.
tracer les frontières du champ en en regardant uniquement les caractéristiques institutionnelles puisque celles-ci retracent presque toujours un moment antérieur du rapport de forces.
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